Peu après ma sortie des Beaux-Arts où j'avais surtout taillé le marbre et le granit, je découvre le polyester. Les possibilités de ce tout nouveau matériau me fascinent. En polyester je vais pouvoir réaliser des sculptures monumentales. Et de plus, on peut le colorer !  

Avec enthousiasme et sans trop me soucier de sa toxicité, je m'atèle à la création d'un grand habitacle pour l'exposition annuelle de la Société des Sculpteurs Genevois. En 1970 "La Gargone" est exposée à Genève devant le Musée d'Histoire Naturelle. Mais ce qui est nouveau semble devoir irriter certains traditionalistes. C'est ainsi qu'un soir, lors de leur ronde, deux gendarmes appréhendent un homme occupé à incendier la Gargone. Heureusement leur prompte intervention a permis de minimiser les dégâts. 

Nullement découragée et toujours aussi passionnée par les possibilités qu'offre le polyester, je réalise une autre sculpture monumentale et polychrome, "La Grande Porte", que j'expose aux "Floralies" de Vincennes puis devant le Théâtre du Soleil sur le parvis de la Cartoucherie.   

Cependant, alors que tout le monde est en vacances, la sculpture est elle aussi incendiée et il n'en reste que des cendres. 

En 1972, engagée par le réalisateur Dusan Makavejev, je réalise pour son film "Sweet Movie" un autre habitacle, toujours en polyester, figurant la tête de Karl Marx. Celui-ci n'est pas brûlé mais, au contraire, il voguera sur les canaux d'Amsterdam.  

Entre temps, toujours en polyester, j'ai sculpté pour un gros chien, une niche en forme de licorne (1992). Hélas les propriétaires du chien avaient compté sans son odorat et il refusa définitivement de pénétrer dans sa niche.  

Enfin, dernière utilisation en 1999 de ce matériau fascinant mais dangereux, pour créer une grande figure maternelle, la Mammafica, que j'exposerai tout d'abord à Lausanne, dans la belle galerie de Nelly L'Eplattenier, puis en différents lieux tels que La Chaux-de-Fonds, Genève, Bordeaux et Paris.   

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