Marie Danielle Koechlin
I am a contemporary visual artist.
For me, to be an artist consists in making links between the world and nothingness, the living and the nothing, that is to say what is dead. I am not aiming for the new, I am aiming for the living that carries within it the new. The living is the complex and the coherence in the construction of this complexity. Hence the importance in my work of the paradox, of the alliance of opposites. For example, I use sculpture to express fragility, sometimes through a material such as porcelain or papier-mâché or glued tissue paper.
Painting, probably because of all the ancient or modern giants who have devoted themselves to it, is for me like the practice of a musical instrument: eternally perfectible. It is an exercise in the long term. I rework my paintings for weeks, sometimes months, sometimes even years, until they seem to me to be carriers of their own existence.
My attempt to translate the living into form prescribes to me two opposite and complementary attitudes whose incompatibility requires moments of standing back. One of them requires that I "let go" until my mind opens up to what I do not know, to what does not yet exist, and that I let myself be surprised, disconcerted, annoyed perhaps, until I accept the intrusion of strange, even incongruous elements. The other attitude is voluntary, personal, emotional, conscious, imbued with my experience, my thought, my desires, my achievements, my memory, my practise. To tame, capture a piece of life in the shapes I create, in the lines or the colors, I have to wait... Wait for the balance between the suspension of all judgment and the necessary critical thinking.
Je suis une artiste contemporaine, plasticienne.
Pour moi, être artiste, c'est faire des liens entre le monde et le néant, le vivant et le rien c'est-à-dire ce qui est mort. Je ne vise pas le nouveau, je vise le vivant qui porte en lui la nouveauté. Le vivant c'est le complexe, et la cohérence dans la construction de cette complexité. D'où l'importance dans mon travail du paradoxe, de l'alliance des contraires. J'utilise par exemple la sculpture pour exprimer la fragilité ; parfois grâce au matériau comme la porcelaine ou le papier mâché ou encollé.
La peinture, à cause sans doute de tous les géants anciens ou modernes qui s'y sont adonnés, est pour moi comme la pratique d'un instrument de musique : éternellement perfectible. C'est un exercice dans la durée : je reprends mes peintures pendant des semaines, parfois des mois, parfois même des années, jusqu'à ce qu'elles me paraissent porteuses de leur propre existence.
Apprivoiser, capter une parcelle de vie dans mes formes, mes lignes ou mes couleurs. Ma tentative d’inscrire du vivant dans la forme me prescrit deux attitudes opposées et complémentaires dont l’incompatibilité requiert des temps de pause car l’une exige un « lâcher prise » jusqu’à ce que s’ouvre la porte de mon esprit à ce que je ne connais pas, à ce qui n’existe pas encore, que je me laisse surprendre, déconcerter, agacer peut-être, que j’accepte l’irruption d’éléments étranges, voire incongrus. L’autre est volontaire, personnelle, émotive, consciente, imprégnée de mon vécu, de ma pensée, de mes désirs, de mes acquis, de ma mémoire, de mon métier. Alors il faut attendre... Attendre que s’installe l’équilibre entre la suspension de tout jugement et l’indispensable esprit critique.